- Sans taux de fréquentation, pas de business plan sérieux
- Les banques étudient ces taux de fréquentation pour analyser les prêts bancaires
- Même sans prêt bancaire, c’est le seul outil pour adapter ses prix à l’offre
Les créateurs de gîtes ou chambres d’hôtes viennent souvent vers moi me demander quels sont les chiffres à utiliser pour construire leur business plan ou leur budget. Et c’est d’autant plus justifié que je leur conseille de faire une petite étude de marché, qui consiste aussi à analyser les statistiques de fréquentation. Un des objectifs de cette étude de marché : définir un taux d’occupation cohérent par rapport à son projet de meublés de tourisme ou de chambres d’hôtes. En plus, c’est rassurant, avant d’acheter un bien immobilier et de faire des travaux, de pouvoir disposer de moyennes constatées dans les gîtes et chambres d’hôtes de la ville, du département ou de la région.
Etudier toutes les statistiques de fréquentation
Hélas ces statistiques ne sont pas toujours disponibles. Cela dépend beaucoup des enquêtes menées localement par les institutionnels, les comités et offices de tourisme ou les associations comme Gîtes de France ou Clévacances auprès de leurs adhérents. Cela dépend du nombre de propriétaires qui ont accepté de répondre à ces questionnaires, souvent jugés indiscrets. Cela dépend aussi des moyens et de la volonté des collectivités locales d’exploiter et de communiquer sur les données existantes, qu’elles proviennent des plateformes de location ou de la taxe de séjour.
Sans compter que l’activité de gîtes ou de chambres d’hôtes est atypique. Il y a des maisons ouvertes toute l’année, d’autres qu’une partie. Certains propriétaires ont un site internet, des inscriptions dans les centrales de réservation, une présence sur les réseaux sociaux, d’autres sont peu visibles. Faire des statistiques avec des comportements aussi différents est compliqué.
En revanche, il est toujours possible de consulter les statistiques départementales de l’hôtellerie et des campings. Certes ces hébergements sont différents mais leurs taux d’occupation sont intéressants si on regarde les évolutions sur plusieurs années, la situation des uns et des autres selon le niveau de confort ou encore pour bien comprendre quelle est l’étendue de la saison touristique et la fréquentation hors saison.
Se méfier du taux d’occupation moyen
Il est également utile d’avoir en tête les chiffres nationaux. En France métropolitaine, le taux d’occupation moyen des hôtels est de l’ordre de 60%, celui des campings de 35% et celui des gîtes, meublés de tourisme et chambres d’hôtes de 30%. En Normandie, le taux d’occupation des hébergements locatifs disponibles était de 45% en 2022, 48% en Seine-Maritime et dans la Manche mais entre 42 et 43% dans l’Eure, le Calvados et l’Orne. En Auvergne Rhône Alpes, il est de 44% mais atteint 57% dans le Rhône ou 50% dans l’Ain. Attention, ces chiffres sont calculés sur la base des hébergements ouverts, et certains sont fermés en basse saison.
Il ne faut pas oublier également que toutes ces statistiques ne sont que des moyennes entre des hébergements souvent très différents les uns des autres. Pour ceux qui ont des souvenirs de leurs cours de statistiques, il faudrait disposer de l’écart-type, vous savez cette mesure de dispersion autour de la moyenne qui permet de savoir si tous les hébergements ont des comportements similaires ou non.
En réalité, très souvent, la moyenne est à considérer avec précaution car les taux d’occupation sont peu homogènes d’un établissement à l’autre et varient fortement en fonction de l’emplacement. Nous avons tous en tête des villes et villages très fréquentés du Var, de Savoie ou d’Alsace où il est quasi impossible de trouver un hébergement de dernière minute en haute saison tandis qu’à quelques kilomètres les hébergements sont nettement moins réservés. En Bretagne, en Normandie ou sur la Côte d’Azur, il est difficile de comparer le bord de mer à l’arrière pays, et de façon plus générale la ville à la campagne, le centre ville à la banlieue ou la montagne aux vallées.
Le taux d’occupation moyen est très utile mais son intérêt doit être relativisé, car la réalité des chiffres dépendra beaucoup de l’énergie du loueur, des équipements et services proposés, de la décoration et des prix pratiqués. Dans un même village, tous les hébergements n’ont pas le même taux d’occupation.
Cet article a été initialement publié en 2009 et mis à jour le 24 février 2023
Bonjour, en pleine reflexion de changement de region comme de vie, quels sont ces fameux lieux où trouver un hebergement semble difficile selon vos expériences ? Cela ne m’exonerera pas d’un travail plus en profondeur je vous l’accorde déjà…Merci !
Bonsoir Caroline,
C’est vrai qu’il est difficile de trouver ces chiffres. Ces données qui pourraient être exploitées dépendent des Communautés de Commune qui encaissent les taxes de séjours (pour celles qui n’ont pas opté pour le forfait).
Mais rares sont celles qui exploitent ces données ou qui les transmettent à leur office du tourisme.
J’ai fait aussi mon étude de marché. J’ai donc relevé dans un fichier Excel toutes les données comme confort, prestations, prix…, distances par rapport mes chambres. C’est un travail long, il permet de “visualiser” ses partenaires (ou concurrents).
Et il est vrai que l’on peut vite partir en délire avec un business plan! L’emplacement est primordial! J’affiche carrément sur mon site que je suis à l’écart des grands flux touristiques (35-40kms). Une seule personne m’en a fait la désagréable remarque! Tous les autres ont appréciés. Pour sûr que le chiffre n’est pas en rapport avec les chiffres d’affaires que j’ai vu sur un blog (réussir sa maison d’hôtes).
Par exemple, une chambre d’hôtes (4 chambres) située près des plages du débarquement en Normandie, génèrera dès la première année une activité de 10 mois sur 12! et complet!
Il faut pouvoir suivre!
Brigitte
Effectivement, l’obtention des chiffres de fréquentation et de chiffre d’affaire sont une des difficultés importantes au lancement du projet.
Certains des propriétaires ne sont pas “trop” déclarés ou passent une bonne partie sous la table.
Certains abordent l’activité d’une manière professionnelle alors que pour d’autres c’est un passe-temps.
Et puis les effets du lieu d’implantation sont TRES importants. A quelques kilomètres près, la fréquentation peut facilement varier du simple au double.
Ne vous fiez donc pas aux chiffres officiels qui ne font que lisser des situations trop différentes.
Un bon moyen d’avoir des chiffres est de rencontrer les propriétaires vendant leurs chambres d’hôtes à proximité. Allez aussi sur les sites Internet des propriétaires ou des annuaires présentant les disponibilités (attention, tous ne sont pas à jour).
Enfin, tablez sur moins que ce que l’on vous dira. Il faut mieux avoir de bonnes surprises les premières années que des mauvaises.
D’après mes propres constatations auprès des différents observatoires du tourisme départementaux et régionaux, ainsi que des antennes des gîtes de France et différents bureaux d’étude, il ressort en général :
– Que la fréquentation augmente avec le classement à l’interieur des chaines
– Que les meilleurs résultats sont obtenus dans les grandes villes (tourisme toute l’année)
– Que les maisons d’hôtes disposant d’au moins trois chambres ont des résultats supérieurs aux autres
– Que les maisons d’hôtes qui proposent la table d’hôte ont de meilleurs résultats que celles qui ne la proposent pas.
Le schéma gagnant : chambre d’hôtes niveau 3 ou 4 * (épis, clefs…), plus de 3 chambres, en ville, avec table d’hôtes.
Si ca peut aider…
Le taux d’occupation est certainement intéressant pour les structures dans des endroits touristiques très fréquentés. En ce qui nous concerne, les deux dernières années se sont suivies et n’ont aucunement été ressemblantes. Augmentation de résidences locatives à prix d’appel, influence de la météo, réservations plus courtes, situation économique actuelle …
Chaque structure est différente par rapport à son emplacement ainsi qu’à la notoriété du site, et tout cela s’améliore en fonction des efforts de chacun et là … c’est une autre histoire …
Très juste, ce billet. Il y a cependant une complication : les enquêtes menées par les offices de tourisme ne portent pas toujours sur une cible : on vous demande combien de lits vous avez vendus pour un camping / gîte / chambre d’hôte / hôtel, mais pas quelle est votre profil et celui de vos hôtes.
En plus, un porteur de projet peut très bien se fixer une cible étrangère particulière et dans ce cas, les taux d’occupation globaux ne sont plus très indicatifs.
Dans ce cas, pourquoi pas faire une petite étude auprès des sites portails d’hébergements, où les prestataires indiquent (+ ou -) l’occupation de leurs établissements. Comme cela, vous pouvez vous fixer votre cible, le(s) sites correspondants et faire un petit tour. Cela demande un peu plus de créativité et d’efforts, mais vous donnera d’autres indicateurs en même temps :-).
Cette disparité de fréquentation est logique. Certaines maisons d’hôtes ferment une partie de l’année, d’autres restent ouvertes douze mois sur douze.
Certains propriétaires ont des chambres d’hôtes dans une logique patrimoniale et pour recevoir quelques personnes, ils ne cherchent pas à faire connaître leur maison, ne se donnent pas le mal de référencer leur site internet et ne s’inscrivent pas dans des annuaires, le remplissage de leurs chambres d’hôtes n’est pas leur priorité. Pour d’autres, c’est malheureusement parce qu’ils n’y arrivent pas ou qu’ils ne sont pas au bon endroit.
D’après GDF, dans notre département (l’Eure), la moyenne est de 100 nuitées par chambre. Mais, comme vous le disiez, ce n’est qu’une moyenne, certains font 30 nuitées et d’autres 180. Un de mes premiers clients – propriétaire de chambres d’hôtes en Touraine – m’a dit être arrivé à une moyenne de 100 nuitées par chambre au bout de 3 ans d’activité.
Bonjour, merci pour ces indications, on peut également avoir un aperçu du potentiel d’une région / ville grâce aux statistiques de recherche Google sur la requête “Chambre d’hôtes” : plus il y a de recherche, plus le potentiel doit être important d’après moi.
On peut grâce à Google Insights voir en fonction de la région / ville ainsi que de la saison le nombre de requêtes et ainsi estimer qu’une ville a plus de potentiel qu’une autre, par exemple sur ce lien :http://www.google.com/insights/search/#geo=FR-J&q=%22chambre+hotes%22&cmpt=q
Ces données restent évidemment bien moins précises que des enquêtes menées localement par les collectivités territoriales, mais cela peut quand même donner une petite indication.