Tantôt meublé de tourisme ou gîtes, tantôt chambres d’hôtes, la flexibilité a un sens, mais ce n’est pas si facile à organiser. On parle aussi d’hybridation.
Depuis quelques années, les professionnels du bâtiment parlent de logements modulables, hybrides, évolutifs ou flexibles. L’idée de ces professionnels est de proposer des logements capables de s’adapter plus facilement aux étapes de la vie sans nécessiter des déménagements : arrivée des enfants, vie familiale, familles recomposées, départ des enfants de la maison, hébergement d’un proche âgé, vieillissement des occupants…
La maison utile aujourd’hui n’est probablement pas la même que celle nécessaire dans 10 ans. Le travail de projection n’est pas simple et personne ne peut prédire l’avenir, il dépend de chaque situation personnelle mais certaines préoccupations reviennent régulièrement.
Cette idée peut intéresser les créateurs de gîtes et chambres d’hôtes qui réfléchissent à leurs travaux et aménagements.
Ne pas avoir la même activité toute l’année
La chambre d’hôtes est nécessairement à la nuitée avec petit déjeuner inclus dans le prix. Cela demande donc de la disponibilité. Alors que le meublé de tourisme peut être loué pour 2, 3 nuits ou à la semaine.
Proposer l’un ou l’autre à une période de l’année, ou convertir deux chambres d’hôtes en gîte l’été pour baisser le rythme et aussi profiter de la belle saison c’est le choix de certains loueurs.
Dans l’autre sens, louer à la nuitée en chambre d’hôtes, les chambres d’un gîte ou meublé de tourisme présent sur la société peut intéresser hors vacance scolaires pour dynamiser l’activité.
D’autres loueurs enfin, louent la maison dans la totalité en meublé de tourisme quand ils souhaitent partir en vacances.
De même, certaines pièces peuvent être tantôt salle de séminaire ou salle de yoga ou toutes activités.
Respecter la réglementation
Dans les deux, cas, il faut bien sûr respecter les réglementations liées à la fois aux chambres d’hôtes et aux meublés de tourisme. Notamment si on propose les chambres d’hôtes à la location en meublé de tourisme, il faut qu’il y ait un ensemble indivisible avec cuisine équipée. Ce n’est pas la chambre d’un côté avec la cuisine de l’autre, c’est bien une location : “Les meublés de tourisme sont des villas, appartements, ou studios meublés, à l’usage exclusif du locataire, offerts en location à une clientèle de passage qui y effectue un séjour caractérisé par une location à la journée, à la semaine ou au mois, et qui n’y élit pas domicile.” (Code du tourisme – Article D324-1)
Certains loueurs équipent la salle à manger d’une cuisine américaine. Pour d’autres, l’ensemble est dans une dépendance aménagée en appartement avec des chambres et leurs pièces d’eau attenantes. Rappelons que ce n’est pas une obligation pour les chambres d’hôtes d’avoir une pièce d’eau et des sanitaires privatifs, c’est une question d’information au consommateur. Cela permet de louer en chambres d’hôtes avec petit déjeuner quand le gîte n’est pas loué, même si les chambres n’ont pas de pièce d’eau attenante et privative.
Anticiper les conséquences juridiques et fiscales
L’activité principale va déterminer le meilleur statut juridique, il faudra savoir comment on déclare aux impôts les revenus complémentaires à son activité principale et l’impact sur le régime de TVA. Et repenser les déclarations à faire à la ville ou communauté de commune, la taxe de séjour qui n’est pas la même, ainsi que l’assurance. Penser ses contrats, l’accueil, l’état des lieux, les formalités ne sont pas les mêmes.
Gérer ses plannings
C’est peut-être dans la gestion de plannings que c’est le plus compliqué. Il faut éviter les surréservations et donc savoir précisément quand on loue en chambres d’hôtes et quand on loue en gîte.
Ce peut être dicté par les vacances scolaires. Ce peut être louer le gîte en priorité et le fermer quelques jours avant s’il n’est pas loué pour mettre alors les chambres d’hôtes en dernière minute.
Il faut aussi avoir des fiches de réservation sur son site et les grandes plate-formes de réservation différentes selon que cela parle des chambres d’hôtes ou des meublés de tourisme.
Dans tous les cas, cela ne s’improvise pas.
Et aussi penser à l’après-activité
Réoccuper la maison, la revendre à une famille traditionnelle (opposé à activité de location de chambres d’hôtes ou meublés de tourisme), et pour cela penser cloisons réversibles, comme revenir à une situation antérieure par exemple proposer à nouveau un salon qui avait été converti en chambres d’hôtes et sa salle d’eau attenante. La liste des possibilités est vaste. La question peut également se poser pour les extérieurs, les cheminements et les espaces de stationnement qui devront s’adapter aux évolutions de la maison.
Lorsque l’on se lance dans des travaux voire dans la construction d’une maison, il me semble important d’imaginer différents scenarii et de se projeter sur le long terme. Cette flexibilité pourra être utile ou pas, elle n’est pas nécessairement beaucoup plus chère à intégrer dans les travaux initiaux, elle pourra également faciliter la revente de la maison le jour venu ou simplement l’évolution de l’activité. Et je sais que c’est un exercice purement virtuel sur ce blog et pas forcément réalisable dans la vie. Mais quand on se lance, on exploite toutes les hypothèses puis on trie ce qui est faisable, en fonction de l’architecture, du coût et de son projet.
Ce billet a été publié initialement le 3 juillet 2018 et mis à jour le 25 avril 2023