La rentabilité des chambres d’hôtes est connue, les dépenses prévisibles, encore faut-il faute l’effort de faire un business plan puis de tenir ses comptes de façon détaillée pour trouver les pistes d’économies. On peut augmenter sa rentabilité sans baisser sa qualité, et il ne faut pas confondre dépenses et investissements.
Le sujet de la rentabilité intéresse de nombreux loueurs et créateurs de chambres d’hôtes. C’est une question qui revient fréquemment et pour laquelle je vais répondre en deux temps. Cependant, la rentabilité des chambres d’hôtes, gîtes et meublés de tourisme est un sujet difficile à traiter.
Rentabilité, c’est un mot parfois galvaudé derrière lequel on peut mettre des notions différentes quand on n’est pas contrôleur de gestion et apparenté.
Faire chambres d’hôtes, est-ce rentable ?
Combien de fois ai-je du répondre à cette question sans trop bien savoir ce que mon interlocuteur avait en tête. S’agit-il de calculer un taux de rentabilité ? S’agit-il de savoir si l’on peut rembourser son emprunt ou compléter son revenu ?
Mieux vaut tenter de le définir pour parler tous de la même chose, du moins dans ce billet.
En termes économiques, une façon d’appréhender la rentabilité, c’est de calculer la valeur dégagée par l’activité.
Définir la notion de rentabilité
Il faut bien comprendre qu’une très grande partie de ces activités est exploitée sous le régime de la micro-entreprise, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’information statistique sur les marges et les résultats. Il faut donc rechercher d’autres éléments, par exemple ceux qui se rapportent à la rentabilité des entreprises dans leur ensemble.
Il y a une première approche avec le chiffre calculé par l’INSEE. Pour cet organisme de référence, la rentabilité économique s’établit à 6,4 % pour les hébergements de courte durée en 2013.
Les hébergements de courte durée, c’est la catégorie dans la quelle on retrouve les maisons d’hôtes. Pour ceux qui veulent rentrer dans le détail du calcul financier, l’INSEE utilise l’excédent brut d’exploitation, c’est à dire le chiffre d’affaires déduction faite des principales charges d’exploitation et de la rémunération de l’entrepreneur. Ceci étant, la moyenne n’apporte pas grand chose, ce qui est plus intéressant est de préciser que ce ratio est proche de celui des restaurants ou des débits de boissons mais deux fois plus faible que celui des hôtels. En un mot, l’activité de chambres d’hôtes est, en moyenne, rentable, mais sa rentabilité économique est faible.
Ensuite, il y a une seconde approche plus difficile à appréhender par des ratios ou des pourcentages. Il faut prendre en compte toutes les ressources mises en œuvre par le loueur, les investissements, les travaux effectués, l’énergie et le temps passé à tout préparer et à tout gérer. En face, il faut estimer toutes les retombées, la marge… Le taux de rentabilité est le rapport entre le revenu et les ressources mises en œuvre pour l’obtenir. Stricto sensu, il faut donc estimer la marge dégagée par l’activité, une fois toutes les charges prises en compte, et la comparer à la valeur de la maison, emprunt déduit. En fonction de la situation, on peut aboutir à un taux de rentabilité de 5 %, peut-être plus, peut-être moins. Les experts es tous financements et placements vous diront alors que si ce taux est inférieur à la rémunération du livret A, mieux vaut ne pas se lancer, vendre la maison et se contenter de placer ses fonds. Réponse bien théorique, dont on leur laissera la responsabilité !
Rentabilité des chambres d’hôtes, inclure d’autres paramètres
Si je résume, la rentabilité des chambres d’hôtes, gîtes et meublés de tourisme est faible.
Ce calcul de rentabilité n’intègre pas d’éventuelles plus-values dégagées sur de l’immobilier, ni les raisons pour lesquelles on ouvre des chambres d’hôtes où gîtes, notamment la recherche d’un mode ou d’une qualité de vie.
Ces enquêtes confirment bien le retour régulier que j’ai des loueurs de gîtes et chambres d’hôtes qui me parlent très souvent d’une activité peu rentable, surtout au regard du temps et de l’énergie consacrés à bien accueillir les hôtes.
Dans tous les cas, au vu des investissements immobiliers et des objectifs personnels de chaque projet, il faut faire ses propres calculs et ne pas croire qu’on peut dans ce domaine si atypique que sont chambres d’hôtes, meublés de tourisme et gîtes, appliquer une formule tout faite.
Est-ce rentable ?
Peut-être faut-il aussi se donner la peine de tenir son budget !
L’achat de la maison d’hôtes et les coûts des travaux pour respecter son budget, c’est ce à quoi on pense en premier quand on veut créer des chambres d’hôtes. Il faut pourtant dans le même temps estimer ses futurs coûts de fonctionnement dont l’eau et le chauffage qui peuvent être deux postes très importants de votre futur budget et dépendent de la région où vous vous installez et de la maison en elle-même, plus ou moins bien isolée. Ne pas négliger la fiscalité locale, et choisir les bonnes options fiscales, car c’est l’ensemble de vos dépenses à laquelle vous devrez faire face.
Faire le budget du quotidien
Beaucoup de créateurs sous-estiment le prix du quotidien, celui du petit déjeuner par exemple, on veut faire plaisir à ses hôtes avec raison, puisque c’est le symbole fort de l’accueil en chambres d’hôtes. Or si vous ne prenez pas en compte dans votre simulation de budget le coût réel de votre fonctionnement, vous risquez de ne pas vous en sortir et de dépenser pour vos chambres d’hôtes plus que vous n’avez de chiffre d’affaire.
Le problème du microbic
Le régime microbic est fréquemment choisi par les propriétaires de chambres d’hôtes ou gîtes. Et c’est un bon régime. Les loueurs de chambres d’hôtes ou de meublés de tourisme ont pourtant l’énorme tort de ne pas tenir leurs dépenses de façon détaillée. Un euro d’écart qui se répète chaque jour sur chaque client et ce sont des milliers d’euros qui auraient pu être économisés sans baisser la qualité. Les budgets, on les fait au moment du business plan, mais ils doivent se remettre à jour régulièrement, nous en donnons la trame dans nos formations en présentiel ou distanciel pour ouvrir chambres d’hôtes et meublés de tourisme.
Donc est-ce rentable ?
Si les chambres d’hôtes vous permettent de dégager un revenu d’appoint, de cotiser quelques années en attendant la retraite ou de faire face à des remboursements d’emprunt, l’activité est peut-être suffisamment rentable. Tout dépend de votre objectif personnel. Tout ne peut pas – je dirai même, ne doit pas – s’évaluer à l’aune d’un taux de rentabilité, l’actualité nous le rappelle chaque soir.
Accueillir des hôtes, partager des moments avec eux, faire la promotion de son territoire, préserver l’environnement, se sentir bien dans son activité quotidienne…, tout ceci fait partie de l’équation à prendre en compte avant de se lancer. Personnellement et je ne vous oblige pas à être d’accord avec moi, je suis convaincue que l’approche économique est utile mais bien insuffisante lorsque l’on parle de chambres d’hôtes. Il faut calculer aussi la satisfaction, le bien-être personnel, le cadre de vie… S’épanouir, ne pas subir les transports en commun franciliens, cela a de la valeur. Vous savez sûrement que certains économistes cherchent à calculer le Bonheur national brut pour évaluer la richesse d’un pays car les notions économiques leur paraissent souvent insuffisantes. En tout cas, cela ne se calcule pas sur la base d’un taux horaire comme en entreprise quand on est salarié.
La vraie question n’est pas celle de la rentabilité.
La vraie question que doit se poser tout entrepreneur, c’est est-ce que cette activité va me permettre de dégager des revenus suffisants par rapport à mes besoins, mes contraintes et ma famille. Et cette équation est différente selon qu’on est retraité avec des revenus ou jeunes parents, avec un domaine familial ou qu’on achète, avec un capital de départ ou des emprunts. Il appartient à chacun d’être clair et cohérent avec sa situation personnelle et ses attentes avant de se lancer.
Et pour ceux qui se posent la question de la rentabilité des meublés de tourisme, nous y avons consacré un billet.
Cet article a été initialement mis à jour le 1er juillet 2015 et mis à jour le 23 septembre 2023