Le piège de la trésorerie dans une activité saisonnière

Quand on gère ses chambres d’hôtes, gîtes et meublés de tourisme, La trésorerie n’est pas un revenu, ce n’est pas l’argent qui tombe dans votre poche à dépenser, c’est de l’argent pour l’activité mis de côté pour les échéances et problèmes à venir.

Quand on ouvre ses hébergements touristiques, on devient une TPE (Très Petite Entreprise) ou du moins on attend la rentabilité des chambres d’hôtes, meublés de tourisme ou gîtes. Je ne parle pas de votre statut juridique (société, auto-entrepreneur, RCS, particulier…), ni fiscal (régime micro, réel, LMP ou LMNP…), je parle simplement de votre fonctionnement quotidien et la trésorerie ou son manque peut devenir votre principal cauchemar !

Pour ceux qui ont eu une vie professionnelle en étant à leur compte, rien de ce que je vais écrire n’a de secret pour ou de nouveau pour vous. Il n’en va pas de même pour ceux qui étaient salariés et qui même s’ils étaient en charge de budgets n’ont pas toujours cette vision purement comptable.

Sans trésorerie, risque majeur

La trésorerie de façon sommaire, c’est l’argent en caisse. C’est le nerf de la guerre. Le problème, c’est que quand elle vient à manquer, on n’a plus de quoi payer ses factures et échéances et mieux vaut ne pas compter sur sa banque pour faire preuve de compréhension et attendre patiemment le début de la saison touristique et le retour des hôtes et leurs paiements. Et si la banque est souple, ses tarifs le seront moins, les taux d’intérêts liés au découvert autorisé, plombent un budget.
Le manque de trésorerie c’est une des toutes premières raisons d’échec des entreprises, pas parce que leur concept ou leur produit est mauvais mais bien parce que à un moment, il leur manque les moyens et le temps de faire face à un imprévu ou de redresser une situation difficile.

Démarrer son projet d’hébergement avec de la trésorerie

Le rapport avec la chambre d’hôtes, le meublé de tourisme ou gîte ? C’est le même problème.
Je vois des créateurs entamer leur nouvelle vie en étant très juste financièrement. En général, et on sait tous que c’est la réalité, le budget immobilier / travaux / aménagements / achats literie et mobilier a été plus important que prévu et le budget a dérapé.
Mais si la saison se passe moins bien que prévu : mauvais temps, crise, chambres d’hôtes ou meublé de tourisme pas encore connus, surestimation de son taux d’occupation, prix mal évalué, matériel à remplacer.., le porteur de projet n’aura pas le temps de se donner le temps d’une deuxième saison !
J’ai vu une maison d’hôtes ouvrir en hiver parce que la banque voulait voir arriver des chèques, alors même qu’ouvrir les chambres d’hôtes l’hiver coûtait plus cher en chauffage que cela ne rapportait d’argent ! J’ai vu une maison revendue avant même l’ouverture des chambres d’hôtes faute de trésorerie. J’ai eu des appels désespérés parce qu’il fallait faire face à des travaux imprévus et que la trésorerie manquait. C’est rare, mais cela arrive dans tout commerce.

Les pièges de la trésorerie

Le premier piège, est la saisonnalité. Pour certains d’entre vous, le chiffre d’affaire va se faire sur quelques mois mais il doit être rapporté à l’année entière et si on ouvre en début de saison, on peut un peu vite oublier que les mois de vache maigre sont à venir. Autre chose, il faut être conscient de ses coûts de fonctionnement, pour connaître le revenu avant impôt et ça aussi c’est souvent sous-estimé !

Il faut avoir ses tableaux financiers, oui les échéances fiscales, que ce soit taxes, impôts, cotisation, contributions, ne sont pas toutes mensualisées. Donc ne pas les avoir anticipé, ne pas avoir provisionné l’argent, c’est un risque. Cela a l’air simple, mais le piège de la micro-entreprise, statut très sympathique au demeurant, c’est que beaucoup de loueurs ne font pas leurs comptes et n’anticipent pas les échéances à venir.

Mon conseil, pour vous lancer dans votre projet de chambres d’hôtes, gîtes ou meublés de tourisme : réduisez un peu votre achat ou vos travaux, le spa, la grille en fer forgé ou le nouveau motoculteur peuvent attendre une saison de plus, mais gardez un peu de réserve financière pour les imprévus, pour vous donner le temps de réajuster votre projet, de mieux faire connaître vos hébergements. Et si en plus vous êtes de nature angoissée, vous passerez de meilleures nuits et cela vous évitera de devoir prendre un abonnement chez votre banquier, vous aurez certainement mieux à faire  !

Cet article a été initialement publié le 22 juillet 2010 et mis à jour le 20 février 2023 

Publié par

Caroline Kyberd - Accueillir Magazine

Rédactrice en chef d'Accueillir Magazine, la presse des chambres d'hôtes et meublés de tourisme, j'anime aussi les formations pour ouvrir maisons d'hôtes, gîtes ruraux et meublés de tourisme. Retrouvez-moi sur https://www.accueillir-magazine.com

Une réflexion sur « Le piège de la trésorerie dans une activité saisonnière »

  1. Comme vous avez raison Caroline, ayant l’expèrience de 22 ans de chambres d’hôtes, je peux vous dire qu’un “mois de mai” aussi calme, je n’avais jamais vu ça. Alors comme vous le dite si bien, la trésorerie c’est le nerf de la guerre et si l’on a pas d’autres revenus, il vaut mieux être “copain” avec son banquier.

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