Chiffrer les travaux avant d’acheter sa maison d’hôtes

A cette période de l’année, une bonne partie des personnes qui ont un projet de maisons d’hôtes à court ou moyen terme, qu’il s’agisse de faire chambres d’hôtes et/ou locations saisonnières, sillonnent la France et visitent des maisons à vendre. Certaines propriétés sont séduisantes à des prix accessibles mais il y a parfois beaucoup de travaux. L’enjeu est de les chiffrer correctement, ce qui est tout sauf facile.

Comment chiffrer ?

Tout d’abord pour le gros oeuvre, le mieux est de faire appel à un architecte ou à un entrepreneur lors d’une revisite. Il est en effet difficile de se faire son opinion sur la complexité et le coût de la rénovation d’une toiture ou d’un plancher ou de chiffrer convenablement le coût d’un agrandissement ou d’une modification complète des circulations.

Pour les autres travaux, le chiffrage est parfois plus facile. On compte entre 250 et 500 euros par m² pour refaire les revêtements, peinture et sol, lorsque les matériaux sont standards ou de 80 à 150 euros par m² pour une rénovation électrique. Quant aux salles de bains, les fourchettes sont souvent importantes selon l’ampleur des travaux. Cela peut aller de 3 000 à plus de 10 000 euros…

Il existe de nombreux sites internet qui proposent des devis en ligne ou des outils de simulation pour affiner les coûts en fonction des équipements. Cela peut paraître séduisant mais sous condition de bien lister toutes les tâches qui devront être effectuées et de se limiter à des travaux simples. Sur ces sites, construire une terrasse peut paraître abordable sauf si l’on oublie le coût du terrassement car le terrain est en pente. De même, refaire une toiture peut être raisonnable sauf s’il faut reprendre toute la charpente voire consolider les murs. Quant à construire une piscine, cela dépend aussi de ce qu’on va trouver en creusant.

Se faire conseiller avant achat

Pour toutes ces raisons, je pense qu’il ne faut pas hésiter à se faire conseiller avant l’achat. C’est un investissement rentable si on le met en relation avec tous les risques de dérapage du budget travaux ou de non-faisabilité des travaux. Cela suppose cependant que l’on est soi-même au clair sur les travaux à effectuer. Reste à trouver sur place l’homme de l’art qui sera en mesure d’établir des devis rapidement ou au moins de donner des ordres de grandeur fiables avec des délais réalistes.

Les CAUE peuvent vous aider. Ce sont des services départementaux, conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement. Ils connaissent bien les gîtes et chambres d’hôtes et prennent en compte les problématiques liés à la restauration de bâtis anciens, la rénovation énergétique et l’intégration dans le paysage de piscine ou l’aménagement de jardins.

Il ne faut pas se mentir, c’est compliqué, parce qu’il faut multiplier les visites du bien immobilier pour comprendre le potentiel de la propriété, définir ses attentes finales, en déduire les travaux à faire, leur faisabilité, y compris sur le plan légal. Pendant ce temps, on retarde la promesse de vente, au risque de voir d’autres acheteurs intéressés vous prendre de vitesse. Mais cela vaut mieux que d’acheter un bien immobilier dont les coûts de remise en état seront prohibitifs ou les travaux si longs qu’on ratera une saison touristique en épuisant sa trésorerie.

 

Calculer les prix de revient de ses chambres d’hôtes

Avant de fixer ses tarifs, il est important de connaître les prix de revient de sa maison d’hôtes et je parle bien des prix de revient, au pluriel.
Le prix de revient d’une chambre d’hôtes peut se définir par combien va coûter au propriétaire une nuitée en chambre d’hôtes tout compris une fois la maison d’hôtes ouverte.

Petit déjeuner, table d’hôtes, basse saison, long séjour… des prix de revient

Un prix de revient, cela peut paraître simple à mesurer. On part du budget prévisionnel des chambres d’hôtes avec la liste de toutes les dépenses, charges, taxes et cotisations puis on divise par un nombre prévisionnel de nuitées.

En réalité, le prix de revient est bien plus complexe à calculer car toutes les chambres de la maison ne sont probablement pas identiques : superficie, capacité, baignoire ou douche, coût de chauffage… Les coûts varient selon la durée de séjour puisque habituellement le linge de lit n’est pas changé chaque nuit ou selon la saison pour intégrer les coûts liés à la piscine l’été ou au chauffage l’hiver.

Si l’on prend tous les paramètres en compte, il peut être nécessaire de calculer non pas un prix de revient unique mais des prix selon les types de séjour et les périodes : prix de revient d’un séjour d’une nuit avec deux personnes en été dans la chambre avec douche, le prix de revient d’un séjour de deux nuits à quatre dans la chambre familiale avec baignoire en hiver…
On calcule aussi le prix de revient de son petit déjeuner, de sa table d’hôtes, des prestations complémentaires éventuelles.

La marge dégagée par l’activité chambre d’hôtes

Calculer un prix de revient précis, l’exercice est fastidieux mais va permettre de mieux ajuster ses tarifs chambre par chambre et pour la haute et la basse saison, de fixer les remises éventuelles pour les longs séjours voire de déterminer des suppléments : enfants, animaux, accès spa… Au delà, c’est aussi savoir si on va dégager marge et revenus et si l’activité est rentable. inutile d’attendre la fin de la première année pour savoir ce qu’on a dépensé, versus le chiffre d’affaires généré. Inutile de rouvrir la maison d’hôtes pour un week-end en hiver si cela coûte plus cher à chauffer que le montant de la nuitée. Bref penser prix de revient, c’est piloter son activité.

Le prix de revient ce n’est pas que de la comptabilité

Mais cela a aussi une autre vertu qui cette fois n’est pas purement comptable. Comprendre les prix de revient de chaque élément de son activité de loueur, c’est définir ses priorités, repenser ses investissements, c’est se poser la question de la cohérence, et donc c’est aussi repenser son projet, car une maison d’hôtes repose sur la cohérence.

Je n’aime pas…, normalement je ne réserve pas cette maison d’hôtes !

Ces derniers jours, j’ai regardé quelques épisodes de l’émission de TF1 Bienvenue chez nous. Et parmi les différents points que je n’aime pas dans cette émission, il y en a un sur lequel je souhaite revenir aujourd’hui, notamment parce que je pense qu’il faut y penser lors des aménagements de sa maison d’hôtes.

Donc, j’ai râlé à plusieurs reprises car une grande partie des commentaires des loueurs de chambres d’hôtes candidats tiennent du registre, j’aime / j’aime pas. Certains détestent les salles de bains ouvertes, d’autres le mobilier, les jardins à la française, les choix de rénovation, l’emplacement… Et c’est leur droit et même bien, autant quand on se lance dans l’aventure de la maison d’hôtes avoir des goûts bien trempés. En revanche, ce n’est pas parce qu’on n’aime pas que c’est laid pour tout le monde ! Un peu comme dans un Dîner presque parfait, quand un concurrent déclare détester un aliment et mettre une mauvaise note à un plat qui en contient, qui peut être très raffiné mais que naturellement lui n’a pas pu apprécier.

D’une part, le réalisateur met en exergue les commentaires bien tranchants et on ne saura jamais en tant que spectateur ce qu’étaient les nuances de la pensée des candidats . Mais en fait tout ceci n’a aucun sens, parce que ces candidats, eux mêmes propriétaires de chambres d’hôtes, n’auraient jamais réservé ces maisons d’hôtes qu’ils ont tant critiquées.

Lorsque je choisis une chambre d’hôtes pour un séjour, je ne choisis jamais ce que je n’aime pas, – sauf cas exceptionnel, quand l’emplacement prime sur le choix pour limiter les trajets, mais là c’est nécessairement un très court séjour type déplacement d’affaires ou occasion comme mariage et je sais que j’ai fait un compromis qui me convient.

Pour réserver, outre le prix, je regarde le descriptif, les photos et je sélectionne une maison d’hôtes qui correspond à mes goûts. Je ne vais pas passer trois ou quatre nuits dans une chambre d’hôtes où la baignoire et les wc ne sont pas séparés de la chambre si cela me déplaît. Je ne vais pas choisir une chambre meublée avec des meubles de style Louis XV si je préfère les meubles modernes et une décoration plus contemporaine. Je ne vais pas dans une maison de ville si je veux la pleine campagne ou à l’inverse, je passe sur la proximité de la route si cela me permet de me balader à pied dans le village sans avoir à reprendre ma voiture. Je peux continuer la liste à l’infini car c’est comme cela que cela se passe dans la réalité.

Demander à des loueurs de juger du cadre de chambres d’hôtes que spontanément ils n’auraient pas louées avec en plus un enjeu de “stratégie” de jeu, ce n’est même plus de la télé réalité, c’est être à côté de la plaque.

Il est très difficile de juger une maison d’hôtes car cela est très personnel. Pour l’évaluer de façon objective, il faut faire abstraction de ses goûts et avoir une démarche de type inspection avec une grille de critères sans implications personnelles. On en revient donc aux éléments factuels, comme la taille de la chambre d’hôtes et des sanitaires, la qualité de la literie, le calme, l’occultation de la lumière, le confort général de la maison et des pièces à vivre, le soin apporté à la décoration et à la préparation du petit déjeuner sans oublier la personnalité du propriétaire qui fait souvent oublier certains désagréments. Et encore, juge-t-on par rapport à des niveaux de confort établis selon des grilles au lieu de mettre tout le monde sur un pied d’égalité, comme si on pouvait comparer un château et un pavillon moderne, une maison de village et un domaine rural…

La leçon à tirer de tout cela quand on crée des chambres d’hôtes, c’est qu’il faut faire des choix clairs. Aménagements, décoration, équipements, rénovation…, tout doit être cohérent. Ensuite, il faut accepter l’idée que tout le monde n’aimera pas, ce qui n’a pas d’importance, on ne compte pas recevoir 6 milliards d’individus dans ses chambres, autant recevoir des personnes heureuses d’être là parce qu’elles ont choisi cette maison.

NB. Comme cette émission donne parfois lieu à des réactions passionnées, aucune critique sur une maison d’hôtes identifiable ne sera laissée en ligne

Le tourisme dépend pour partie de la météo, les chambres d’hôtes aussi

Tout le monde en a conscience en ce moment, nous avons un temps plutôt pourri. Du coup, côté touriste, on n’a pas vraiment envie de partir en week-end, on ne réserve pas, voire on annule les séjours déjà programmés.
Du côté professionnels du tourisme dont les chambres d’hôtes, il faut regarder l’envers du décor. On continue probablement à chauffer ne serait-ce que pour lutter contre l’humidité, d’où dépenses. Les chambres sont vides, d’où manque à gagner, alors qu’il reste quand même les frais à payer, remboursement à la banque du prêt, amortissement des travaux, frais de promotion, inscriptions dans les annuaires…

Le tourisme, une activité qui dépend de facteurs extérieurs

Il y a un élément dont ne sont pas toujours assez conscients les porteurs de projet.
Le tourisme n’est pas une activité stable et linéaire. Il dépend de beaucoup de paramètres, la météo, la crise économique, un événement régional comme une marée noire, les choix ou restrictions faits en matière de promotion par la Région, ses propres choix en matière de référencement internet ou d’inscription dans des annuaires ou centrales de réservation…
Parfois les réservations sont très bonnes dès tôt dans l’année, parfois celle-ci se rattrape essentiellement sur l’arrière saison mais il s’est passé entre temps plusieurs mois où on a pu être légitimement très inquiet.
Et le fait est qu’avec l’émergence d’internet, les changements de modes de réservation et les changements sociétaux en matière de loisirs, les années ne se ressemblent plus. On passe de plus en plus à des réservations dernière minute qui font qu’on ne peut avoir une vision claire de son taux de fréquentation que a posteriori.

L’activité chambre d’hôtes se pense sur l’année

Une nuit perdue en maison d’hôtes parce que sans réservation l’est définitivement, ce n’est pas une boîte de conserve ou un bien que le commerçant peut espérer revendre à un autre moment. Et comme dans toute activité économique, la trésorerie est le nerf de la guerre et ne comptez pas sur la compréhension des banques pour regarder avec sympathie votre découvert. Il est donc prudent d’aborder sa première année avec de quoi faire face à un démarrage qui peut être lent et de lisser ensuite sa trésorerie et ses revenus pour que les bonnes années équilibrent les mauvaises.
Et parce que ce n’est pas familier pour tout le monde, il est nécessaire de bien comprendre les différences entre chiffre d’affaires, revenus et trésorerie, j’aimerais bien d’ailleurs qu’on enseigne cela à l’école.

Ne mettez pas en danger votre projet de gîte ou chambre d’hôtes

Vous avec un projet de création de gîtes et chambres d’hôtes qui vous tient à cœur et vous cherchez la maison à acheter ou vous êtes en train de demander des devis pour chiffrer les travaux nécessaires. Ne mettez pas en danger votre projet en sous-estimant les questions juridiques et fiscales.

Je rencontre hélas souvent des créateurs qui ne s’intéressent pas suffisamment aux questions juridiques et fiscales, qui ignorent les formalités administratives et réglementaires à effectuer ou qui ne connaissent pas les droits et obligations liés à leur future activité. Je pense qu’ils prennent de gros risques. Ce qui a été toléré à une époque va l’être de moins en moins en période de crise, les propriétaires de chambres d’hôtes installés depuis longtemps sont bien conscients de l’évolution de la réglementation et fiscalité qui a eu lieu ces cinq dernières années.

Bien entendu, je vais vous recommander de vous abonner à Accueillir Magazine car cela vous permet de suivre toutes ces questions notamment parce qu’elles évoluent et qu’il faut s’adapter au fil de l’eau à ces évolutions. Mais il faut aussi savoir se faire conseiller lorsqu’un sujet est particulièrement délicat. Consulter un avocat, un notaire, un expert-comptable ou un architecte est parfois essentiel pour sécuriser le projet.

En attendant, sachez que l’UMIH, principal syndicat hôtelier, est, à partir d’aujourd’hui, en train de porter plainte contre des chambres d’hôtes illégales dans plusieurs départements. Sont visés les loueurs qui ne respectent pas les réglementations applicables : chambres d’hôtes non déclarées en mairie, dépassement de la limite de cinq chambres, non respect des normes incendie lorsqu’elles sont applicables, absence de licence…, le détail des plaintes n’est pas encore connu. A suivre dans Accueillir Magazine.

Avant de faire des choix pour vos chambres d’hôtes, vérifiez la crédibilité de votre information !

Internet est un monde à lui tout seul où on trouve le meilleur comme le pire et le petit monde de la chambres d’hôtes ou du meublé de tourisme ne fait pas exception à la règle. Entre personnes de bonne volonté qui répondent de bonne foi sur les forums mais ne maîtrisent pas forcément la totalité du sujet ou considèrent leur cas personnel comme le seul possible, entre “margoulins” qui créent un blog dans un coin en écrivant n’importe quoi pour gagner quelques sous grâce aux clics sur les publicités présentes sur le site, entre entreprises qui recrutent des stagiaires condamnés à “pisser de la copie”, afin de  faire grimper le site dans les résultats de recherche du web, une personne de bonne foi peut légitimement se faire abuser et tout le monde se faire appeler expert.

Evidemment je vais prêcher pour ma paroisse, un magazine professionnel comme Accueillir Magazine est une source fiable, et nous ne faisons que de l’information et de la formation sur le secteur de la chambre d’hôtes et du meublé de tourisme, autrement dit nous somme spécialisés.
Il y a aussi d’autres sources, notamment parmi les acteurs historiques de la chambre d’hôtes qui sont crédibles, présents depuis de nombreuses années et ne vous raconteront pas n’importe quoi pour décrocher un contrat sans se soucier des conséquences.

Peut-on se fier à n’importe quel blog  ou a n’importe quel commentaire ?

Est-ce raisonnable de choisir un prestataire apparu la semaine dernière qui intervient tous azimuts sur tous les sujets et à lui tout seul sait aussi bien choisir un statut juridique, faire une étude de marché, une analyse fiscale, conseille sur les travaux et connaît les dernières nouveautés en matière d’internet… Moi en tout cas, en temps que journaliste lisant tout ce que je peux à temps plein sur le secteur de la chambre d’hôtes depuis sept ans, je ne m’y risquerai pas.

Fausses informations

Mes dernières découvertes, rien que cette dernière semaine
– Une formation qui annonce proposer le permis d’exploiter – pour obtenir la licence boisson – en adaptant le contenu de la formation avec un peu de gestion, de fiscalité, et autres. Ah zut, c’est une formation dont le contenu est fixe avec des acteurs agréés par l’Etat, aucune chance d’obtenir sa licence après.
– Une analyse sur un blog expliquant qu’on peut faire chambres d’hôtes et que ce n’est pas imposable, aussi entendu d’ailleurs lors d’une interview sur une grande radio publique qui m’a fait exploser de rage dans ma voiture. Si vous suivez ce conseil, surtout appelez-moi, je veux voir la tête de votre contrôleur des impôts quand vous défendrez cette position, sources à l’appui !
– Une discussion dans un forum grand public qui explique que oui oui, vous pouvez rester particulier avec cinq chambres et table d’hôtes, le pseudo qui écrit en est sûr. Aïe,aïe, aïe !

Le problème, c’est que conseilleur n’est pas payeur et que chacun est responsable de ses erreurs, de ses décisions et que parfois c’est lourd à gérer et coûteux.
Alors, ne faites pas confiance à tout le monde ! Vérifiez vos sources, vous ne pourrez pas vous en porter plus mal !
C’était mon billet d’humeur – à chacun les siens –  parce que cela me serre aussi le coeur quand j’ai au téléphone des créateurs ou loueurs dans la m… Et c’est plus fréquent que vous ne  le pensez et cela aurait pu être évité à 80 %.

S’immerger dans le quotidien du loueur ou presque…

Vous êtes en train de réfléchir à votre projet de création de gîtes ou chambres d’hôtes. Vous cherchez une maison, vous dessinez les ébauches des futurs plans et aménagements, vous déplacez les cloisons d’un coup de crayon, vous construisez une extension, vous vous immergez dans les magazines de décoration et faites de nombreux projets.

Attention, il y a un risque de perdre la réalité de vue. Il faut aussi penser pratique et quotidien, réfléchir à votre future vie lorsque vous allez ouvrir les portes de votre maison d’hôtes et accueillir vos visiteurs. Il s’agira alors surtout d’avoir bien réfléchi à tout de façon à ce que les séjours se passent le mieux possible et que votre charge de travail reste supportable, même en haute saison, parce que ce qui fait un séjour réussi, c’est avant tout votre accueil et pas le détail déco de plus.

C’est pour cette raison que je recommande aux porteurs de projet d’aller sur des sites d’avis de voyageurs, comme Tripadvisor, Vinivi ou Zoover, et de consulter les avis laissés par les internautes sur les établissements qu’ils ont fréquentées. Cela donne une bonne image de la réalité de l’accueil au quotidien, de ce qui se passe généralement bien mais aussi des difficultés les plus fréquentes. Y passer quelques heures permet de mieux comprendre les attentes des visiteurs et les points clés qui feront que votre gîte, location saisonnière ou vos chambres d’hôtes seront particulièrement appréciés.

Pour ceux que le sujet des avis de voyageurs intéresse tout particulièrement, je recommande la lecture de notre numéro de mars/avril 2013. Son dossier y est consacré.

Législation et réglementation des chambres d’hôtes, il existe des règles à respecter

Je reviens sur un sujet qui me tient à cœur car je croise trop souvent des créateurs qui se lancent sans connaître ou sans vouloir connaître la législation et la réglementation applicables aux chambres d’hôtes.

C’est chez moi, j’aménage des chambres, c’est simple

C’est très sympathique un projet, une belle maison, des travaux de rénovation, des choix de décoration mais tout cela peut être réduit à néant si on ne peut pas louer les chambres d’hôtes, le gîte ou les cabanes ou si les revenus sont insuffisants par rapport à son objectif.

La création d’un hébergement de petite taille donne l’image de la facilité et certains créateurs se font avoir. Un projet se prépare sur tous les plans. Il faut prendre en compte les contraintes personnelles et familiales, les éléments budgétaires, les aspects liés au territoire, les règles d’urbanisme pour les travaux… mais surtout ne pas négliger la législation et la réglementation applicable. Et je vous propose une petite série de questions qu’on m’a posées ces derniers mois.

Non, je ne peux pas tout faire !

Non, je ne peux pas créer cinq chambres d’hôtes dans une maison où je n’habite pas même si le bâtiment est parfaitement adapté. Il s’agit de chambres chez l’habitant.
Non, je ne peux pas créer huit chambres d’hôtes dans ma maison même si financièrement cela irait mieux. La limite est fixée à cinq.
Versus, non, je ne peux pas créer huit chambres d’hôtes dans ma maison, quatre au nom de ma compagne et quatre au mien. La limite est toujours fixée à cinq.
Non, je ne peux pas imposer des séjours de trois nuits minimum même si c’est bien plus pratique. La chambre d’hôtes est un hébergement facturé à la nuitée.
Non je ne peux pas faire table d’hôtes pour une trentaine de couverts tous les soirs même si cela me permet de boucler le budget et le financement. La table d’hôtes est réservée aux hôtes qui dorment sur place et ne peut être ouverte à l’extérieur, sauf à être requalifié en restaurant.
Non, je ne peux pas envoyer mes hôtes au café prendre le petit déjeuner parce que je travaille à l’extérieur, la chambre d’hôtes est une prestation chambre + petit déjeuner assuré par l’habitant.

J’aimerai beaucoup dire oui à tous ceux qui nous appellent, mais voilà, comme dans toute activité, il existe des règles à connaître avant de se lancer et mieux vaut s’y intéresser avant de commencer la recherche d’un bien immobilier ou de demander des devis pour les travaux. Cela évite en général beaucoup de problèmes.

Ne pas improviser la création du gîte ou meublé de tourisme

Internet regorge de conseils pour ouvrir un gîte ou un meublé de tourisme. Les sites, souvent à but commercial, vont vous expliquer que c’est très simple, qu’il y a de nombreux avantages fiscaux et qu’il suffit de faire quelques aménagements, puis d’inscrire la location sur leur site. Ils vont s’occuper de tout.

Une fois de plus, les conseilleurs ne sont pas les payeurs et ce ne sera pas eux qui assumeront les problèmes éventuels. Certes créer un gîte n’est pas très compliqué mais cela suppose un peu de préparation si l’on ne veut pas que cela devienne un cauchemar.

Tout d’abord, il faut être clair sur ses objectifs et ses attentes financières mais également sur l’énergie que l’on pourra y consacrer au quotidien, tant pour assurer la promotion, accueillir les locataires, effectuer le ménage et la gestion. Ensuite, il faut étudier les besoins, vérifier qu’il y a de la demande et se faire une idée des tarifs de location.

C’est à partir de ce moment que l’on peut réfléchir aux équipements qui doivent nécessairement être adaptés aux locataires qu’on souhaite séduire, à commencer par la configuration des lits, simples ou doubles et les équipements électro-ménagers. Et je rajoute parce que j’ai visité dernièrement trois biens mis “brut” en location, les travaux nécessaires et notamment l’électricité aux normes.

Et enfin, il y a les démarches juridiques, les obligations réglementaires, le régime fiscal, les questions d’assurance, le classement éventuel… Tout ceci suppose donc un peu de réflexion préalable.

N’oubliez pas également que vos futurs clients sont de mieux en mieux informés et que certains ne vous rateront pas en laissant des commentaires sur internet ou se plaignant aux services concernés si vous n’avez pas fait les choses dans les règles et que leur séjour se passe mal. Pensez aussi à vos voisins qui peuvent s’inquiéter de cette nouvelle activité et des nuisances éventuelles.

Comme toute activité, devenir loueur de meublé saisonnier ne s’improvise pas, renseignez-vous correctement et ne croyez pas aveuglement le premier site venu.

Pluriactivité et chambres d’hôtes, gérer les administrations

Dans de nombreux projets d’installation ou de reconversion professionnelle, la maison d’hôtes ne constitue qu’une partie du montage et le créateur a prévu en parallèle une autre activité. Il va ainsi gérer des chambres d’hôtes mais également mener une activité artisanale, libérale, commerciale ou salariée.

Cela est parfois nécessaire car l’activité touristique est souvent saisonnière et compte tenu du nombre maximum de cinq chambres d’hôtes, le chiffre d’affaires et le revenu sont nécessairement limités. Ce peut être aussi un choix de vie où on mène de front des activités qu’on aime, l’accueil étant une de ces facettes. Certains loueurs de chambres d’hôtes sont ainsi consultants, coachs, formateurs, enseignants, prestataires informatiques, traiteurs, traducteurs, agent immobiliers, moniteurs de ski, guides… Il y a aussi bien entendu des exploitants agricoles, des viticulteurs ou des commerçants, pour qui la chambre d’hôtes est une activité complémentaire.

Entreprendre dans plusieurs domaines, c’est complexe

Dans ce cas, on parle de pluriactivité, vous serez donc un pluriactif et c’est là que cela se complique. On devrait vous féliciter pour votre dynamisme, votre débrouillardise, votre capacité à mener de front plusieurs projets pour créer votre emploi et même parfois celui d’autres personnes, mais dans les faits, vous entrez certainement dans une prise de tête.

Cette situation est parfois complexe sur le plan fiscal mais surtout sur le plan social car, dans certains cas, vous allez relever de régimes de protection sociale distincts. Et chaque situation obéit à des règles spécifiques selon qu’il s’agit d’un régime salarié ou non-salarié ou d’une activité commerciale, libérale ou artisanale.

Il faut donc au préalable essayer de chiffrer les revenus attendus des différentes activités pour savoir quelle va être votre activité principale, puis bien identifier les interlocuteurs et les contacter pour vérifier les règles à respecter avant d’entamer la moindre démarche. Cela va vous prendre du temps et peut être kafkaïen. Une créatrice m’a raconté récemment ses péripéties entre le Centre de Formalités des Entreprises de la Chambre de Commerce et d’Industrie et l’Urssaf, les uns la renvoyant vers les autres et réciproquement.

Astérix et le laisser-passer A38 de la maison des fous n’est pas loin, courage et prenez avec vous un tube d’aspirine !