Dois-je ouvrir des chambres d’hôtes ou des gîtes ?

Chambres d’hôtes et gîtes ou meublés de tourisme sont deux formes différentes d’hébergements touristiques sur le plan réglementaire comme fiscal. Un loueur peut avoir les deux formes sur sa propriété ou des chambres d’hôtes chez lui et un ou des meublés de tourisme ailleurs. Le bâti peut se prêter à un type d’hébergement plutôt qu’un autre. Mais pour ceux qui se posent la question en amont avant d’avoir acheté la propriété, ce n’est pas le même projet de vie.

J’ai déjà fait un billet sur la définition d’un gîte (ou location touristique) et d’une chambre d’hôtes, ce n’est donc pas le propos de ce billet.

Côté client, ce n’est pas la même attente

C’est évident que pour le touriste, locataire de gîte ou de chambres d’hôtes, ce n’est pas le même type de séjour touristique. Il ne loue pas aux mêmes moments, il n’en a pas les mêmes attentes. Quand un client réserve une chambre d’hôtes, il va être servi, il rencontre l’autre, il est ouvert à la discussion. Quand il loue un gîte ou meublé de tourisme, il se recentre sur sa famille ou son groupe, amis ou cousinades, il est plus dans une attente de rester entre soi.

Côté loueur, ce n’est pas le même mode de vie

  • D’abord la chambre d’hôtes est chez soi, y compris dans une dépendance alors qu’on peut avoir meublés de tourisme ou gîtes sur sa propriété, de l’autre côté du village ou même du pays.
  • La chambre d’hôtes est un hébergement à la nuitée, avec le petit déjeuner à servir et avec service dit hôtelier, le lit est fait, le client n’y fait pas le ménage. Côté gîte, le loueur peut proposer un contrat à la nuitée, à la semaine, pour deux nuits minimum, il décide donc de son rythme de fonctionnement.
  • Côté chambres d’hôtes,  on peut avoir arrivées et départs tous les jours, côté meublé de tourisme à son choix, mais toutes les semaines, c’est possible. On peut ou pas proposer des services additionnels, mais aussi se contenter du contrat le plus classique, laisser le client faire le gros du ménage ou lui proposer une option finale de ménage et aucun service en cours de séjour. Le temps et la disponibilité ne sont donc pas les mêmes, y compris si on souhaite garder une autre activité par ailleurs.
  • Quand on loue des gîtes, attention toutefois, le ménage c’est le jour du départ et avant l’arrivée des nouveaux locataires, cela peut être prenant  si on a plusieurs gîtes qui se libèrent et se relouent le même jour.
  • La gestion du meublé de tourisme peut être déléguée en partie ou complètement à un tiers, alors que la chambre d’hôtes est un accueil chez et par l’habitant même si celui-ci peut se faire aider.

Quand on est encore au stade de réflexion de son projet, on peut le réorienter et choisir de créer un ou des gîtes, plutôt que des chambres d’hôtes, ou l’inverse, ou choisir un mix des deux.

On voit aussi les loueurs réfléchir de plus en plus à des lieux hybrides, tantôt loués en chambres d’hôtes, tantôt en gîte en regroupant chambres d’hôtes, la salle à manger et la cuisine dédiée.

Côté communication et réservations, des différences

  • Déjà en nombre de clients, si on loue la semaine, un gîte, c’est au plus 52 semaines, une chambre d’hôtes, c’est au plus 365 séjours, bien sûr, ce sont des chiffres hypothétiques sans compter que, heureusement, en chambres d’hôtes les clients restent souvent plusieurs nuits.
  • En chambres d’hôtes, le loueur s’occupe la plupart du temps de gérer soi-même les réservations, il  est sollicité souvent pour savoir si il y a des disponibilités, il se préoccupe d’être visible sur internet et d’être réservation en ligne.
    Quand on a un seul gîte, on peut le confier à une centrale de réservation ou à une conciergerie. Ceux qui en ont plusieurs, exploités de façon intensive, ont les mêmes préoccupations sur la visibilité de leur offre que les exploitants de chambres d’hôtes. En revanche, ils ont besoin de trouver moins de clients car un locataire prend souvent le gîte pour plusieurs jours, parfois plusieurs semaines.

Revenus et rentabilité

Reste à calculer le revenu qu’on peut en retirer. Je dirai que cela dépend du taux d’occupation possible, de l’emplacement où se trouve l’hébergement touristique mais aussi de la souplesse dont on fait preuve quand on a des gîtes. Certains propriétaires de gîtes louent à des professionnels, même à la nuitée ou acceptent des week-ends, ils louent donc aussi en dehors des vacances scolaires mais bien sûr, cela leur fait plus de travail. La rentabilité, aussi, que ce soit pour des chambres d’hôtes ou des meublés de tourisme et gîtes, si la dimension économique est importante et qu’on en attend un revenu, tout va reposer sur une étude de marché.

Je vois arriver des personnes qui sont très en amont de leur projet et en discutant avec eux, je découvre qu’ils ne se sont pas posés la question, qu’ils sont partis sur l’idée d’ouvrir des chambres d’hôtes ou des gîtes sans bien comprendre la différence entre les deux. Je trouve dommage de ne pas prendre le temps de peser avantages et inconvénients des deux formules, mais surtout il faut se projeter sur le quotidien de sa future activité quand on le peut encore. Une fois les aménagements faits, il sera probablement trop tard ou ce sera coûteux de refaire des travaux.

Article réédité le 16/04/2021, l’original date du 12 novembre 2009

Publié par

Caroline Kyberd - Accueillir Magazine

Rédactrice en chef d'Accueillir Magazine, la presse des chambres d'hôtes et meublés de tourisme, j'anime aussi les formations pour ouvrir maisons d'hôtes, gîtes ruraux et meublés de tourisme. Retrouvez-moi sur https://www.accueillir-magazine.com

2 réflexions au sujet de « Dois-je ouvrir des chambres d’hôtes ou des gîtes ? »

  1. Merci Caroline et Charles pour ce rappel de définitions et de différences très claires entre “gîtes” et “chambres d’hôtes”, mais différences malheureusement trop peu connues du grand public y compris des journalistes de la grande presse nationale.

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