La chambre d’hôtes est une activité très atypique. Il est difficile, voire impossible, de formuler un raisonnement économique ou financier qui s’applique à l’ensemble du secteur.
La chambre d’hôtes est d’abord une activité patrimoniale
D’abord, parce que de nombreux propriétaires pratiquent la chambre d’hôtes comme une activité patrimoniale qui permet de garder la maison, de préparer sa transmission aux enfants, de payer les travaux d’entretien mais aussi de faire des rencontres et de conserver une vie sociale bien après l’âge légal de la retraite. Ils ferment une partie de l’année et ne se reconnaissent pas vraiment dans les préoccupations classiques des entrepreneurs, trésorerie, rentabilité, marge, coût horaire…
Choisir d’en vivre
D’autres propriétaires de chambres d’hôtes, moins nombreux, en font une activité à part entière et y consacrent une énergie et un temps largement au-delà des 35 heures. J’en connais plusieurs. Jeunes retraités ou même renonçant à une carrière plus lucrative, ils ont décidé de vivre autrement et de développer d’autres valeurs. Cela non plus, cela ne rentre pas dans une grille d’analyse économique. Je ne connais pas de case “je privilégie d’autres valeurs” dans la rubrique “objectifs financiers” du business plan, ni comme mention dans les actifs de la société “belles rencontres”, ni de réponse au plan carrière professionnelle “objectif de l’année prochaine, me consacrer à mon potager pour ne manger que mes fruits et légumes”.
Business Plan ou Indice du bonheur ?
Dans une logique de pure rentabilité économique, il faudrait valoriser chaque mètre carré de la maison d’hôtes et sélectionner les travaux et investissements les plus rentables quitte à faire des concessions quant à la qualité des abords ou à la taille des pièces. J’imagine la tête du banquier qui lirait dans une demande de prêt le commentaire suivant “nous ne ferons table d’hôtes qu’une ou deux fois par semaine pour que cela reste un véritable plaisir de préparer les repas pour nos hôtes” ou “nous voulons un bassin naturel, cela coûte plus cher, mais nos grenouilles seront heureuses et c’est un tel bonheur de se baigner dans une eau pure”.
Atypique ou totalement moderne ? Précurseur d’un autre mode de société qui ne base pas tout sur la consommation mais recherche un nouvel équilibre ? Sans rentrer dans ces débats philosophiques, si on veut ouvrir des chambres d’hôtes, il faut faire la part des choses entre ce qu’on attend comme “valeurs immatérielles” – pas au sens où l’entendent les experts-comptables mais au sens épanouissement personnel – et ce que l’on vise comme chiffre d’affaire et revenu.
Bonjour,
Oui les chambres d’hôtes sont une activité atypique. Même ici en Ardèche où plusieurs expert-comptables ont des maisons d’hôtes parmi leurs clients, ils ont un peu de mal à comprendre que la notion de plaisir de recevoir des hôtes et les résultats financiers en résultant ne semblent pas compatible avec les indices de rentabilité communément admis pour les entreprises.
Rares sont les maisons d’hôtes qui embauchent des salariés, qui margent à facteur 3 (minimum) sur les repas à la table, et qui pensent à la transmission de leur activité lorsqu’ils seront à la retraite. C’est sans doute une partie du paradoxe liée aux chambres d’hôtes à une époque où les hébergements touristiques, même les plus petits, semblent devoir se professionnaliser de plus en plus.