Ouvrir des chambres d’hôtes et s’installer dans un village

Un village a par définition peu d’habitants. Quand on a enfin trouvé la maison de ses rêves à acheter, qu’elle correspond à son budget et à son projet, qu’elle est dans la région où on voulait s’installer, il serait dommage de ne pas donner suite. Et pourtant quand on vient s’installer dans certains villages, le projet est parfois vu avec peu d’enthousiasme par ces habitants qu’on va croiser souvent.

Plein de raisons possibles, de la jalousie parce que vous avez les moyens d’acheter une grande maison, parce que toute personne née au delà de 30 kilomètres du village est un étranger pour au moins trois générations, parce qu’on a peur des nuisances occasionnées par l’activité chambres d’hôtes, parce qu’on arrive avec ses gros sabots sans percevoir qu’il va falloir se faire adopter…

Comme ce billet m’a été directement inspiré par une propriétaire en activité, je connais son sens de l’humour et son envie d’accueil et de contact. Je peux raconter quelques anecdotes qui lui sont arrivées : problèmes de bornages de terrain ou comment déplacer des clôtures pour 10 centimètres, haie le long de la route taillée à la hussarde laissant les animaux s’échapper alors que celle des voisins est intacte, voisins qui envoient les touristes en quête d’hébergement à la ville voisine, etc.

La question pourrait être pourquoi s’installer dans un village où on ne veut pas de vous et de vos chambres d’hôtes ? Cette question, elle m’y répond en me disant que ces problèmes n’étaient pas apparents quand elle est arrivé dans le village et a exposé son projet. De toutes les façons, quand on voit la difficulté et le temps passé à trouver la bonne maison, y renoncer semble difficile. Et puis, des contacts humains ne se jugent pas en quelques jours, des personnes réticentes peuvent devenir chaleureuses quand ils vous connaîtront mieux et l’inverse est vrai.

Alors que faire ? Passer par la mairie du village dans tous les cas, outre les problèmes de PLU et autres à vérifier, cela donnera l’atmosphère. J’ai en tête quelques anecdotes où le maire refusait de parler à un créateur, il n’était jamais disponible, où les voisins étaient résolument hostiles, allant jusqu’à prétendre ne pas connaître la maison quand des hôtes leur demandaient le trajet, où on reste ad vitam aeternam l’étranger… Un petit passage à la mairie pour évaluer la température s’impose, car pourquoi s’installer là où on ne veut pas de vous ?

Expliquer son projet de chambres d’hôtes, consommer local, faire une inauguration pour faire visiter aux voisins, et puis repérer les personnes à qui vous pouvez vous fier et ignorer les autres. Ce n’est pas très loin de ce que vous faites probablement déjà dans votre vie, au bureau ou dans votre immeuble.
Savoir que cela arrive aussi à d’autres permet de relativiser, tout ceci n’est qu’une histoire de nature humaine et ça, je crois qu’on ne peut pas la changer.
Et un clin d’œil à celle qui m’a inspiré ce billet, la nouvelle immatriculation des voitures le permet, adoptez tout de suite le département de votre nouvelle vie, parce que si vous continuez à rouler en 75, je ne donne pas cher de votre réputation locale, n’est-ce pas…

Et je précise qu’il y a plein de villages en France où on sera ravi de vous accueillir, vous et votre projet de chambres d’hôtes, où on verra l’intérêt de votre consommation et de celle de vos hôtes pour les commerçants locaux, pour maintenir une classe ou une école si par bonheur vous avez des enfants à y inscrire, pour votre dynamisme et je vous souhaite d’y trouver une maison où créer vos chambres d’hôtes et vous y épanouir…

Publié par

Caroline Kyberd - Accueillir Magazine

Rédactrice en chef d'Accueillir Magazine, la presse des chambres d'hôtes et meublés de tourisme, j'anime aussi les formations pour ouvrir maisons d'hôtes, gîtes ruraux et meublés de tourisme. Retrouvez-moi sur https://www.accueillir-magazine.com

5 réflexions au sujet de « Ouvrir des chambres d’hôtes et s’installer dans un village »

  1. Tout à fait vrai, propriétaires de notre maison depuis 1974, aménagement des chambres d’hôtes en 1991 et seulement cet automne 2011, la commune se décide à nous faire un accès correct avec des escaliers sur le chemin piéton communal qui donne accès à notre maison. Nous avions fait la demande dés 1995 mais nos voisins s’y étaient toujours opposés !

  2. Je viens juste d’ouvrir mes chambres d’hôtes, et j’ai appris dernièrement que le maire de la commune dirige les potentiels clients dans une autre ville ou un autre département !!!! Par contre, il y a une chambre d’hôte à 3 kms installée depuis 17 ans qui m’a envoyé des clients !!! Gros soucis au moment de l’achat par une personne que l’on connaissait très très bien (c’était un ami !), visiteur surprise alors que le bâtiment était en plein chantier (juste par curiosité !) et j’en passe….On se sent moins seule lorsque l’on apprend que cela arrive aussi aux autres. Salutations.

  3. le billet aurait pu être inspiré de notre expérience…à beaucoup de points identiques…les chiens aboient et la caravane…

  4. Ça c’est bien vrai! Pas facile de s’intégrer dans un village car on sera toujours “l’autre”. Nous avons été bien accueillis à St Avit Sénieur, par des personnes “dynamiques” et connues. Il est toujours bon de s’intégrer SPONTANÉMENT dans des associations, on peut créer des liens.
    Il ne faut pas chercher à forcer les amitiés car on peut dire que les jeux sont faits. On peut toujours créer des liens avec des “autres” comme nous et surtout rester concentrer sur notre nouvel objectif de vie, nouvelle région, nouvelle activité, laisser le plaisir (après le labeur des travaux) venir: Accueillir des Hôtes, privilégier la Qualité de vie.
    Voir les coulisses sur
    http://britavit.jimdo.com/
    Brigitte en Dordogne (après la Côte d’Azur…)

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