Ce week-end, rencontre avec de nombreux créateurs et deux émissions de radio : BFM Goûts de Luxe, émission du samedi 27 mars et France Inter Au détour du monde du dimanche 28 mars 2010. Créer des chambres d’hôtes est bien toujours le rêve numéro 1 des Français. Petit retour sur des questions ou affirmations entendues ce week-end.
– Il y a de plus en plus de chambres d’hôtes
Non, fermetures et ouvertures s’équilibrent à peu près et le nombre d’adresses ne progresse plus ou à la marge. Ceci dit la couverture médiatique très importante faite autour des chambres d’hôtes renforce cette impression. Les chambres d’hôtes ne représentent qu’environ 1,5 % de l’hébergement marchand français. Dans certaines régions, si elles n’étaient pas là, il n’y aurait plus de tourisme possible, y compris les déplacements d’affaires indispensables pour l’économie de tout territoire.
– Il n’y a plus que du luxe et des prix très chers
C’est vrai qu’il y a eu une montée en gamme ces dernières années. Mais on voit beaucoup dans les magazines de déco ou féminins ces très belles maisons déco. C’est vrai aussi que dans les zones très touristiques où le foncier est très cher, les prix sont plus élevés. Mais il existe encore bien des maisons d’hôtes pour tous les prix. On trouve encore de nombreuses chambres dont le prix est pour deux personnes, petit déjeuner inclus dans les 40 / 50 euros.
– Ce ne sont plus que des projets immobiliers
Non, il y a une petite partie de créateurs de chambres d’hôtes qui achètent la maison pour faire leurs chambres d’hôtes, mais ce n’est pas la majorité. Beaucoup aménagent leurs chambres d’hôtes dans la propriété familiale ou dans leur résidence, une fois les enfants partis vivre leur vie.
Les créateurs de chambres d’hôtes veulent en vivre
Pas tous et peu y arrivent. C’est encore pour la très grande majorité une activité complémentaire. Mais il faut bien avouer qu’avec le chômage et les quinquas licenciés, certains ont simplement besoin de cotiser quelques années pour compléter leurs trimestres de retraite. Si les attentes économiques des créateurs de chambres d’hôtes sont plus fortes qu’il y a quelques années, c’est peut-être aussi que les exigences des touristes sont plus importantes et donc les investissements plus conséquents. Et puis avec la crise, le chômage, les revenus qui baissent, le besoin d’aider ses enfants ou proches, nous sommes nombreux à faire attention à nos dépenses ou à la rentabilité de nos investissements.
Bonjour,
je viens de découvrir votre blog et de le parcourir (pas tout !)et la première chose qui me vient à l’esprit c’est : “Et le plaisir d’accueillir ?” Vous parlez de remplissage, d’études de marché, d’investissement…etc. Mais ce n’est pas tout. Il est vrai, j’en suis persuadée, qu’avec des traites sur le dos il est quasi impossible de vivre à long terme de cette activité comme seuls revenus. C’est sur qu’installés dans le Luberon avec 5 chambres et 3 gites c’est plus facile encore que les chambres d’hôtes dans ce coin étant de plus en plus nombreuses ça va être moins évident. Mais surtout ce qui me semble le plus important à signaler pour ceux qui veulent se lancer dans l’aventure c’est que l’enrichissement humain sera bien plus important que celui de votre compte en banque !
De plus il faut aussi souligner que d’accepter d’avoir des gens dans sa maison en permanence pendant des semaines n’est pas donné à tout le monde. Combien de fois des hôtes m’ont fait la réflexion : “Comment vous faites pour avoir du monde chez vous tous les jours ? Moi je ne pourrais pas”. Il est vrai que de nombreux propriétaires de chambres d’hôtes trouvent la parade en aménageant les chambres à part de chez eux avec des entrées indépendantes et chacun chez soi ! mais pour nous ce ne sont plus des “vraies” maisons d’hôtes.
Quant au “taux horaire” le sujet m’a bien fait rire : en été le “travail” c’est 18 h/24 h pendant des semaines sans aucun jours de repos. Vous êtes les premiers levés et les derniers couchés. Pour ceux qui proposent la table d’hôtes tous les jours (il est vrai de moins en moins nombreux) c’est debout à 7 h 30/ 8h et couchés vers 1 h du matin quand ce n’est pas plus tard. Entre la préparation et le service des petits déjeuners, le nettoyage des chambres, les lessives, les courses, la pré-préparation des repas, l’entretien de la maison, les repas le soir… s’il fallait calculer un salaire ! Il faut partir du principe que ce que vous allez vraiment gagner avec cette activité ce sont des rencontres inoubliables, des soirées entières à rire ou à refaire le monde, des gens passionnés qui vous feront découvrir des métiers insoupçonnés, des rires, des émotions et même des amis ! Il est là le rêve mais est-ce bien du coup le n° 1 des français ? Je reste persuadés que si on part dans l’objectif de “faire du fric” avec des chambres d’hôtes ça ne dure pas longtemps. Les hôtes le sentent et ne reviennent pas. Une maison d’hôtes c’est une passion, le plaisir de recevoir, d’accueillir, de partager, de donner et ça ça n’a pas de prix !
Bonjour, et encore merci pour ces réflexions.
Si je ne me trompe pas et comme dans toutes créations, il y a un thème que je juge important et qui me semble le plus difficile c’est celui des prévisions et donc, mot “effrayant”, celui des _objectifs_ de location. Le: “ça doit marcher” n’est pas suffisant. Pour un investissement immobilier, financier et humain je désire quoi en retour ? La réponse sera variable suivant un revenu complémentaire ou à part entière. Alors quand j’aurais défini si je veux louer 60 ou 90 et pourquoi pas davantages de nuits, il me faudra définir les moyens à mettre en oeuvre pour que les clients me trouvent. Car aprés les objectifs la 2e question est bien comment serais je acheté par ce fameux client. Il ne me connait pas et parfois demeure à l’autre bout du pays.
Ce jeu de recherche et réflexion pour un travail à mettre en oeuvre permet d’obtenir un retour sur investissement qui peut être 120 jours par chambre ou 60jours. Nous voyons alors que les efforts mis en oeuvres rapportent 2 fois moins. Donc je pense personnellement que la promotion du produit sera le levier qui rentabilisera l’investissement en fonction des particularités de chacun.
Ce n’est pas évident à concrétiser. Mais si c’était facile, cela se saurait…
Pouvoir vivre de cette seule activité dépend beaucoup
– de l’emplacement (n’oubliez pas les 3 règles d’or de l’achat immobilier, l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement),
– de la manière dont les propriétaires abordent l’activité (en tant qu’entrepreneur actif ou en tant qu’activité accessoire),
– mais surtout du montant des remboursements mensuels à la banque.
Il sera plus facile de retomber sur ses pieds avec une maison dont on a hérité (attention à l’emplacement!), mais très difficile voire impossible avec des remboursement mensuels de plusieurs milliers d’euros (sauf pour de bons emplacements).
Quant à choisir cette activité pour compléter des trimestres de retraite, encore faut t’il que les propriétaires s’enregistrent au RCS ou en auto-entrepreneurs. Y en a t’il beaucoup ? Ce sera peut-être le sujet d’un de vos prochains posts ???