J’ai choisi ce titre un rien provocateur pour vous parler de développement durable. Il n’est pas question dans cet article de rentrer dans des considérations scientifiques, je laisse ces questions aux experts du GIEC dont le sixième rapport est sorti hier. Je ne cherche pas non plus à faire du prosélytisme ou des menaces, je ne crois pas à l’écologie punitive ! La question qui m’intéresse dans ce billet est plus simple : est-ce que le développement durable ou le respect de l’environnement sont des points importants lorsque l’on gère des gîtes et des chambres d’hôtes ?
Pour y répondre, je vous propose deux approches très rationnelles qui démontrent que vous avez intérêt à vous intéresser fortement et rapidement à l’écologie et à adopter une démarche environnementale.

Des articles sur le développement durable et un reportage dans une maison d’hôtes labellisée la Clé Verte
Une attente de plus en plus forte des clients
Toutes les études le montrent, le développement durable est devenu un critère de plus en plus important dans le choix de ses chambres d’hôtes et meublés de tourisme.
10% plus 10% plus 10% finit par faire beaucoup. Le développement durable est un thème qui intéresse voire mobilise une partie non négligeable de la population. Même si certains écogestes ne progressent que faiblement au global, d’autres sont entrés dans le quotidien. Et chacun a les siens ! Certains trient leurs déchets, d’autres ont modifié leur alimentation, sont devenus flexitariens, végétariens, mangent bio ou en circuits courts, veulent du ménage fait avec des produits naturels – nous en avons présentés plusieurs à l’issue d’EquipHotel dans notre dossier Des équipements novateurs, d’autres sont soucieux de la biodiversité, d’autres se préoccupent du plastique et de la pollution des mers et océans, les parents peuvent avoir peur pour leurs enfants, les plus jeunes clients pour leur avenir, ne parlons pas de ceux qui ont été malheureusement confrontés aux dérèglements climatiques…
Je vais même rajouter ceux qui se donnent bonne conscience en réservant chez les loueurs qui pratiquent les bons gestes environnementaux, même si eux-mêmes ne font pas grand chose ! C’est ainsi qu’une grande partie de la population pratique au moins un écogeste et peut être déçue, voire choquée; si elle ne le retrouve pas lors de son séjour en gîte ou chambre d’hôtes.
Personnellement, je suis souvent agacée de ne pas pouvoir trier mes déchets convenablement. Je voyage pas mal, et je dois avouer que cela me fatigue de rentrer avec mes déchets recyclables dans mon sac, faute d’avoir eu accès à une “poubelle jaune”. Oui, je pourrai la demander mais franchement, je préfère me renseigner sur ce qu’il y a à visiter que sur les poubelles et tant qu’à faire d’aller “chez l’habitant”, le temps passé avec lui est plus intéressant à parler de ses passions et son territoire, les détails pratiques devraient aller de soi !
Donc 10 % de clients qui auraient voulu trier leurs déchets, + 10% qui souhaitent savoir ce qu’ils mangent, + 10 % très engagés sur le plan environnemental, cela finit par faire beaucoup de clients en plus pour un meilleur chiffre d’affaires. Et comme ils regardent les critères environnementaux pour décider quelle chambre d’hôtes ou gîte réserver, cela peut faire une sacrée différence.
En plus, il y a fort à parier que pour partie, cette clientèle, réserve en direct et limite le joug des multinationales qui ne payent pas d’impôts. Ces éco-citoyens, ces clients vous pouvez les séduire en direct, et là ce n’est pas seulement 10% en plus mais aussi les tout ou partie des 15 % de commissions que vous laissez aux centrales de réservation qui vont dans votre poche !
1 € plus 1 € plus 1 € finit par faire beaucoup
La rentabilité des gîtes et des chambres d’hôtes est limitée. Les coûts d’énergie et d’eau occupent une bonne place dans le budget du loueur. Une bonne gestion des ressources apporte des économies et cela pendant des années. A titre d’exemple, si l’économie obtenue pour un écogeste est d’un euro par nuit, cela fera 330 euros par an pour trois chambres d’hôtes occupées 110 jours par an, et 3 330 euros sur dix ans. Faites le calcul !
Et je ne vous parle pas de la revente de la maison. Un bâtiment mal isolé se revend de plus en plus difficilement et les conséquences se chiffrent en milliers d’euros. Bien isoler sa maison, c’est dépenser moins en chauffage, diminuer sa consommation d’eau, c’est réduire la facture d’eau, faire son compost, c’est ne pas acheter d’engrais, privilégier le vinaigre blanc ou des produits écologiques c’est bien moins cher que les produits d’entretien et les adoucissants pour le linge, acheter mieux et autrement, c’est diminuer ses déchets et les surtaxes liées au volume, etc.
Economiser l’eau, l’électricité, le chauffage, acheter mieux, avoir moins de déchets, réfléchir à la marge de ses repas, petits déjeuners, dîners ou paniers pique-nique en introduisant les produits locaux, de saison, les légumineuse, moins de viande et de poisson (très forte recommandation du Giec), proposer des alternatives végétariennes…, les ressorts écologiques sont nombreux. Gagner de l’argent se fait quand on est entrepreneur sur les investissements faits à bon escient et les dépenses économisées. Quand nous écrivons dans Accueillir Magazine un dossier sur la rentabilité, c’est bien pour détailler tous les postes sur lesquels on peut améliorer sa marge. Petit point vocabulaire car je constate souvent des confusions :
- Chiffre d’affaires : la somme des ventes des biens et services ou autrement dit tout ce qui a été encaissé.
- Marge : Différence entre prix de vente et coût des biens et services.
- Revenus : En tant qu’entrepreneur, c’est ce qui reste dans votre poche une fois tout payé. Plus vous augmentez votre marge, meilleurs sont vos revenus, sans jamais dégrader la qualité bien sûr.
Je rencontre beaucoup de créateurs, notamment dans nos formations. Si une partie est déjà convaincue et a intégré une démarche environnementale, ce n’est pas le cas pour tous. Créer une entreprise aujourd’hui quelle qu’elle soit sans intégrer ces contraintes, c’est clairement ne pas avoir pris la mesure de ces enjeux. On crée aujourd’hui dans un monde de demain et ces questions vont être de plus en plus importantes.
L’activité de chambres d’hôtes et meublés de tourisme séduit des personnes qui ont pris de la distance avec la société de consommation. Je vois mal celui qui veut systématiquement le dernier gadget à la mode, le yaourt qui rend la jeunesse éternelle et la paire de basket qui vient de sortir, partir vers un projet tourné vers l’accueil de l’autre. Je suis convaincue que pour ouvrir sa maison à l’autre et proposer des chambres d’hôtes, il faut avoir une philosophie de la vie et faire de la consommation un outil et non un objectif.
Le pari de Pascal
Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus par mes arguments, ou simplement indifférents, il reste le pari pascalien. En d’autres termes, si je suis logique, qu’est ce j’ai à perdre à m’engager dans une démarche environnementale. Probablement rien puisque cela ne me coûte pas nécessairement plus cher et cela peut peut-être me rapporter un peu voire beaucoup.
Prendre en compte tous ces aspects lors de la conception de son projet de chambres d’hôtes, c’est bénéfique sur tous les plans et cela se fait dès le départ, dès l’achat de la maison d’hôtes et les travaux.
Pour ceux qui souhaitent y réfléchir, dans chaque numéro d’Accueillir Magazine . Le magazine est en vente sur le site.
Cet article a initialement été publié le 19 octobre 2010 sous le titre “Chambres d’hôtes et Protection de l’environnement”. Il a été mis à jour le 23 mars 2023.